Fidélité dans la reconnaissance

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Esaie 63: 7-9

Par: FE Olivier, Ph.D., D.Min.

7Je publierai les grâces de l’Éternel, les louanges de l’Éternel, D’après tout ce que l’Éternel a fait pour nous ; Je dirai sa grande bonté envers la maison d’Israël, Qu’il a traitée selon ses compassions et la richesse de son amour.
8Il avait dit : Certainement ils sont mon peuple, Des enfants qui ne seront pas infidèles ! Et il a été pour eux un sauveur.
9Dans toutes leurs détresses ils n’ont pas été sans secours, Et l’ange qui est devant sa face les a sauvés ; Il les a lui-même rachetés, dans son amour et sa miséricorde, Et constamment il les a soutenus et portés, aux anciens jours.

La reconnaissance
Dans le langage prophétique et métaphorique d’Esaïe, il émet les sentiments de solitude du vendangeur qui n’a personne pour le soutenir si ce n’est que son bras qui lui a servi d’appui pour combattre les insensés [Es. 63 : 11-6].

Insensés sont ceux qui se sont montrés rebelles à l’Esprit Saint et pour lequel il les a combattus [vv. 10-11].

Esaïe déclare qu’il glorifiera le nom de l’Éternel qui n’a jamais délaissé dans sa miséricorde, les cris de son peuple [vv. 7-9].

Dieu écoute la prière de celles et ceux qui l’implorent avec sincérité [63 : 8b]. Une sincérité que Dieu voit à travers les lunettes de la reconnaissance, par la fidélité, l’honnêteté et l’intégrité. Trop souvent, on néglige de montrer cette fidélité dans la reconnaissance. Une fois obtenue ce qu’on cherche, on s’en va, oubliant que Dieu a répondu favorablement à sa prière. Le pire est que l’on croit les résultats ont été obtenus par son intelligence et ses propres pensées. Esaïe l’attribue ces dernières, d’insensées et vient avec la parabole du vidangeur pour exprimer sa colère.

Si seulement on croyait

Les êtres humains vivent au jour le jour sans véritablement vivre la vie de l’Esprit qu’Esaïe fait ressortir avec puissance. Or la vie avec Dieu ne saurait être autrement qu’une vie spirituelle à l’opposé du matérielle. C’est difficile de croire par beaucoup, mais c’est la vérité qui lie l’être humain à son Créateur. « La vérité sort de ma bouche et ma parole ne sera point révoquée » [45 : 23b]. Se détacher de cette dernière, c’est prendre la direction de l’obscurantisme, de la haine et de la violence. Il devient évident que cette voie large et spacieuse est celle qu’a choisi les êtres humains qui se sont éloignés de Dieu dont les conséquences sont visibles dans le monde.

Dieu n’a pas créé l’être humain pour qu’il vive dans la misère et l’obscurantisme. Il l’a créé pour qu’il vive à son image, dans la perfection et dans l’unité avec son Esprit. Si donc c’est l’Esprit qui le guide, il ne peut être ni un insensé, ni un rebelle, ni non plus vivre selon ses pensées. L’Esprit Saint le rend parfait et lui ouvre les arcanes du ciel pour que la relation avec Dieu devienne la nouvelle réalité de sa vie. Puisque la vie sans Dieu est le néant, la vie avec Dieu est l’amour du prochain. Toute autre action contraire vienne de la pensée qui est libre. Cette liberté vient de Dieu qui lui fait gouter des délices de la vie par sa touche de grâce. Grâce à laquelle Esaïe publie en ces termes, la louange dans la bonté, la compassion dans la miséricorde et la richesse de l’amour de Dieu dans l’abondance envers les êtres humains.

Tous les cris et prières que font les êtres humains vont dans l’unique sens : le changement, l’aller-mieux, les désirs, les demandes de tous genres qui ne sont pas mauvais d’ailleurs, mais où est la fidélité se pose en retour Dieu qui regarde au cœur ? [v. 8].

Le peuple d’Israël n’est pas seulement le peuple de Dieu. Toutes les nations de la terre le sont tout aussi bien, car elles sont Son peuple créés par Lui. Israël est un exemple de sa bonté et un modèle inconditionnel pour l’humanité, une référence d’exception qui ne fait aucun doute qu’elle est valable pour tous. Le comprenant ainsi, il est donc grand temps de se demander pourquoi ne pas suivre le message d’Esaïe et voir comment l’appliquer dans sa vie maintenant ?

Un geôlier racontait combien il menait une vie d’enfer où il se sentait en même temps prisonnier de la garde des autres qui étaient sous son contrôle. A plusieurs moments, l’idée de se faire du tort ou même de se suicider lui venait à la tête devant le spectacle de la méchanceté humaine et le mauvais sort qu’on infligeait aux prisonniers. Quand les proches parents leur apportaient à manger, les responsables prenaient 3/4 pour eux-mêmes. Alors que d’autres fois, ils ne remettaient rien. Le pire est que maintenant pour donner de la nourriture aux prisonniers il faut que les proches parents donnent un montant de X ou Y en $US pour apporter le plat et ceci dans les mêmes conditions qu’avant.

Un soir rentrant chez lui fatigué et désorienté, il s’est mis à prier avant de dormir. Cela lui devenait une habitude. Un jour, il sentit une transformation inexplicable qui lui redonna sa vigueur. Il l’exprimait avec actions de grâce quotidiennement. Actuellement, devenu chef du pénitencier, il stoppa toutes les malfaisances de ses collaborateurs et encouragea les prisonniers à prier Dieu pour sortir de l’impasse. Son témoignage et l’intervention de la grâce divine en faveur de ses prisonniers a fait de cet espace, le milieu le plus calme à nos jours. Grâce à un aumônier qui est placé pour continuer à instruire et à intercéder en faveur des détenus, leur situation lamentable a été changé, leur dignité rétablie en attendant leur jugement qui leur conduira à la liberté.

Montparnasse cemetery (French : cimetiere du Montparnasse), Paris, France. Isaiah stained glass on a jewish grave.

Infidélité ou absence de foi

Si l’infidélité est grave parmi les êtres humains qu’en dira-t-on de l’infidélité envers Son Créateur ? Il devient tout à fait erroné de croire que l’on peut être fidèle envers Dieu et ne pas l’être envers son prochain. Dans les deux cas que constate-t-on ? Si le premier est chose facile à dire car les gens prennent le nom de Dieu non seulement pour mentir, mais ils le prennent aussi comme argument de leur foi toujours pour les mêmes raisons : ce qui mène à l’infidélité. De l’autre, ne pas être honnête envers son prochain est une catastrophe pour la simple raison que si les êtres humains utilisaient les ressources de l’amour pour s’apprécier les uns les autres sans porter envie sur la richesse ou la pauvreté de l’autre, le monde ne serait-il pas meilleur ?

Esaïe reconnait dans de tels cas, il faut l’aide du Sauveur pour intervenir. Mais comment intervenir s’il n’est pas imploré ou demandé tout simplement d’intercéder par la prière avec fidélité ?

Christopher Perri écrit : « Non, la fidélité n’est pas plus facile en théorie [1]Ce texte s’origine dans un cours-conférence donné le 7 octobre 2015 au Palais provincial de Namur dans le cadre des activités du Collège Belgique.  qu’en pratique. » « C’est à la fidélité (fidelitas) qu’il revient de nous faire acquitter ce que nous avons promis, l’exactitude à remplir nos engagements » [2]https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2016-2-page-11.htm#re1no1 qui ne sont autres qu’un acte de foi. On comprend pourquoi au temps de Esaïe la fidélité était d’importance quand on lit ce texte : « Je pris avec moi des témoins dignes de foi, le sacrificateur Urie, et Zacharie, fils de Bérékia ; Ouvrez les portes, laissez entrer la nation juste et fidèle. » [8 : 2 ; 26 : 2]. Plus loin Christopher ajoute : « Dans la mesure où la confiance se gagne par habitude ou habileté, on peut l’identifier à la conviction … Aussi s’agit-il plus ici de foi que de fidélité … venant de croyances communes. » [3]Aristote, Rhétorique, 1355 b..

Il revient à dire que l’époque d’Esaïe n’est pas différente de l’époque à laquelle où nous vivons quand le mensonge est roi et l’infidélité, reine. Donc les deux ont pour conséquence l’absence de foi qui rendent les enfants de Dieu rebelles à Sa parole et à Son enseignement. Une dame dite chrétienne et à la fois prophétesse déclare qu’elle sera Présidente d’Haïti le 31 décembre 2022. Elle le dit avec fermeté à plusieurs stations radio télédiffusées avec assurance parce que Dieu le lui a confirmé en plus de véhiculer le cantique « Soldats de Christ » Ce mensonge n’est pas unique car la plupart des églises en Haïti sont bouffées de mensonge :

1. Mensonges pour éviter la punition ou les conséquences.
2. Mensonges pour éviter d’assumer ses responsabilités devant un mauvais comportement.
3. Mensonges pour obtenir ce qu’on ne mérite pas.
4. Mensonges pour rabaisser et nuire à la réputation de l’autre.
5. Mensonges pour donner une meilleure image de soi-même aux autres.
6. Mensonges pour attirer le soutien et la bienveillance des autres.
7. Mensonges sournois visant à exploiter et profiter des autres.

Luc Thomas Somme ajoute : « La possibilité du mensonge est donnée avec la conscience même, dont elle mesure ensemble la grandeur et la bassesse. »   [4]V. Jankélévitch, Traité des vertus II, Les vertus et l’amour, vol. 1 (Bordas, 1970), Flammarion, 1986, p. 182. Il poursuit pour dire, « Cette remarque liminaire de Vladimir Jankélévitch situe d’emblée la paradoxologie inhérente au mensonge. Celui-ci n’a de consistance que parce que son sujet est un être capable de vérité et de liberté ; il est un signe en creux de la liberté d’une conscience humaine – ou mal-angélique – adulte. Dans La Métaphysique des mœurs, Kant fait cette observation : « Il est remarquable que la Bible date le premier crime par lequel le mal est entré dans le monde, non du fratricide (de Caïn), mais du premier mensonge (parce que la nature même s’élève contre ce crime) et qu’elle désigne le menteur du début et le père des mensonges comme l’auteur de tout mal. » [5]E. Kant, Métaphysique des mœurs, II. Doctrine de la vertu, 9. Deuxième section : Du devoir de l’homme envers lui-même considéré uniquement comme être moral. I. Du mensonge (VI, 431) ; … Continue reading L’infidélité est aussi un acte de mensonge pour avoir connu la vérité et l’abandonner. Elle est aussi un acte de révolte envers Dieu qu’Esaïe déclare : « rebelles à l’Esprit Saint » [63 : 10-11].

Polarités pleines de promesses

La grâce s’étend envers ceux qui invoquent Dieu avec sincérité. Sa miséricorde se manifeste pour contribuer au secours et changer la détresse en bien-être. Tel est le témoignage d’Esaïe venant de la grâce divine qu’il témoigne en ces termes : « Et l’ange qui est devant sa face les a sauvés ; Il les a lui-même rachetés, dans son amour et sa miséricorde, et constamment il les a soutenus et portés, aux anciens jours.” [V. 9b, c].

Combien de gens peuvent se dire heureux sur cette terre ? Les riches ne le sont pas en tout cas ; et les pauvres encore pires. Il ne reste que la miséricorde de Dieu dans son amour et dans sa compassion qui peut changer les problèmes en solution, la maladie en guérison, la tristesse en joie. Si la nature de Dieu demande à chacun de remplir les mêmes conditions, nous n’avons rien à perdre que de nous fier à Sa parole en nous remettant totalement à lui pour que l’Esprit Saint nous conduise. Il n’y a pas d’autre issue, car tous vivent dans un monde parallèle : le monde physique que les êtres humains ont déformé pour se laisser triompher par le mal et le monde spirituel qui affirme son existence inconditionnelle par la reconnaissance de Dieu dans le tissu de l’amour. Esaïe crie haut et fort, « Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions ; cessez de faire le mal. » [1 : 16]. Le mal et le bien sont à nos portes mais le choix dépend de chacun et de son désir de rechercher Dieu. La religion n’a rien à voir de Dieu. Elle est la rencontre de gens de mêmes croyances et de mêmes objectifs. La réponse n’est pas non plus dans la Bible qui est une idée, une ressource et l’expérience des autres. Notre unique ressource est le Saint-Esprit qui peut se révéler à nous comme au temps des patriarches pour nous diriger dans la voie à suivre en évitant le mal.

« Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume ! » [5 : 20]. Dans le Livre d’Esaïe on ne rencontre que les polarités de réconfort suivantes à  l’amour de Dieu devant l’opposition de l’infidélité  : abandon/grâce ; blâme/louange ; cruauté/bonté ; indifférence/compassion ; fossoyeur/sauveur, revendre/racheter ; affaiblir/soutenir qui signifient que Dieu est un Dieu d’amour et de bonté et un secours qui ne manque jamais dans la détresse.

Jacques le souriant, est le nom que les gens du quartier lui donnaient tant il était constamment jovial. Que les moments soient durs ou non, en voyant Jacques, tout le monde sourit et réconforté. Pourtant, il était un modeste citoyen, honnête qui travaillait dur pour parvenir au besoin de sa famille. Il avait 3 enfants de bas âge et une gentille épouse qui ne parlait pas souvent, mais préférait entendre son mari parler de temps à autre. Un jour quelqu’un lui demanda : Jaques quel est ton secret pour que tu restes aussi serein, calme et toujours jovial ? Sa réponse ne se fit pas attendre, je fais toujours chaque jour cette courte prière à Dieu : « Sois notre aide chaque matin, et notre délivrance au temps de la détresse ! » [Es. 33 : 2].

References

References
1Ce texte s’origine dans un cours-conférence donné le 7 octobre 2015 au Palais provincial de Namur dans le cadre des activités du Collège Belgique.
2https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2016-2-page-11.htm#re1no1
3Aristote, Rhétorique, 1355 b.
4V. Jankélévitch, Traité des vertus II, Les vertus et l’amour, vol. 1 (Bordas, 1970), Flammarion, 1986, p. 182.
5 E. Kant, Métaphysique des mœurs, II. Doctrine de la vertu, 9. Deuxième section : Du devoir de l’homme envers lui-même considéré uniquement comme être moral. I. Du mensonge (VI, 431) ; Œuvres philosophiques, t. 3, Paris, Gallimard (Pléiade), 1986, p. 718.
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